Afrique Du Sud : Breaching Shark

L’objectif premier de mon voyage en Afrique Du Sud c’était de photographier un Breaching Shark (cf article précédent). Donc, après avoir passé une semaine dans le parc Kruger, je prends un vol pour Cape Town afin d’aller voir tout ça de plus prêt.

Je réserve une journée à Gansbaii : le paradis des grands requins blancs…. (parait-il)… Gansbaii est en effet réputé pour être l’endroit sur terre le plus peuplé en requins blancs. Il n’y a pas de sauts de requins mais il semblerait que cela soit très impressionnant.

Après 2h30 de route en voiture de location entre Cape Town et Gansbaii, le long des impressionnants townships et après une nuit sur place, j’embarque donc sur le bateau de la compagnie Supreme Shark, mais je pense que toutes les compagnies se valent. Il y en a une petite dizaine, toutes chapotées par un agent (Chanya Du Plessis) qui ne me fera aucune fleur alors que je lui ai réservé 5 matinées à ~180€ chacune… Ne comptez donc pas sur elle pour un arrangement. Elles gèrent également les compagnies de Simon’s Town. Vous ne pourrez pas non plus compter sur les compagnies elles-même car c’est la fameuse Chanya qui gère tout ça et tout doit passer par elle. Elle est également la propriétaire de The Roundhouse Guesthouse qui est, en revanche, une guesthouse très agréable. J’y passerai une nuit. Bref, après avoir grignoté un petit déjeuner dans les locaux de Supreme Shark, nous arrivons sur la cale et nous montons sur le bateau (moi et une 20aine de personnes) vers 07h00. Un tracteur est chargé de mettre les bateaux à l’eau. Ce dernier sort alors du port entre des rochers serrés et des vagues bien formées.

Les bateaux de Gansbaii
Les bateaux de Gansbaii

Je précise que pour voir les requins bondir hors de l’eau il faut venir entre juin et aout, c’est à dire en plein hiver… c’est à dire qu’il ne fait pas chaud… c’est à dire que l’eau est à 14°C et que la mer bouge beaucoup… Pas vraiment l’endroit et le moment pour les personnes sujettes au mal de mer…. Et justement, 15min après le départ, juste après les explications d’un des membres d’équipage (plutôt sympa), une première personne vomit par dessus bord, la pauvre…. elle restera assise, se prenant des paquets de mer sur la tête, trempée et grelottante de froid,  à vomir sa bile pendant les 7h les plus longues de sa vie…

A bord, il y a tout ce qu’il faut pour manger et boire (comme sur tous les bateaux de toutes les compagnies, probablement une directive imposée par la sympathique Chanya).

Entre parenthèses, pour info, pour éviter au maximum d’être malade en mer, il faut respecter la règle des 5 « F » et donc éviter :

  • le Froid
  • la Frousse
  • la Fatigue
  • la Faim
  • la Foif

Arrivés sur la zone, nous sommes 3 bateaux à jeter l’ancre.

Un bateau sur le spot requins
Un bateau sur le spot requins

A partir de ce moment là, un des membres de l’équipe commence à jeter à l’eau une mixture composée d’huile de poissons, de poissons écrasés et d’eau de mer. Un gros bac, une pelle et on remue tout ça avant de jeter des seaux de cette soupe à la mer. Pendant ce temps, une autre personne lançait et ramenait régulièrement une grosse tête de thon accrochée à une corde.  L’odeur et la vue de tout ça n’ont probablement pas aidé ceux qui avaient le mal de mer à améliorer leur état :-)

Un peu de poissons mixés pour attirer les requins
Un peu de poissons mixés pour attirer les requins
La mixture spécial requin
La mixture spécial requin

Après quelques minutes de ce manège, un aileron apparait à la surface. Cela sera le premier… et le dernier de la journée. Ils n’ont jamais vu ça, si peu de requins. Pendant 7h, ils ont appâté et changé de lieu sans qu’un seul autre requin n’apparaisse. Plutôt décevante la première sortie dans l’endroit le plus peuplé en grands requins blancs du monde… L’avantage principal est que nous avons été au abords de Dyer Island, une petite ile recouverte d’otaries avec de très jolies vagues autour.

Dyer Island
Dyer Island

Je pensais aux personnes malades sur le bateau car l’équipage ne concevait pas qu’on puisse ne pas voir de requins et du coup la sortie a durée plus longtemps que prévu à leur grand désespoir. Enfin bon, moi j’ai mangé des sandwiches, sucé des sucettes (fournies en masse par le capitaine) et discuté photo avec le photographe « officiel » du bateau.

Les otaries de Dyer Island
Les otaries de Dyer Island

« Nous sortons 365 jours par ans depuis 3 ans et c’est seulement la 6ième fois qu’il n’y a pas de requins ! »

Ok… parfait… super… mais moi je viens de France uniquement pour voir ça, et du coup ça fait un peu cher la promenade en bateau :-) Bon je rigole (un peu jaune quand même) parce que en réalité je comprends évidemment très bien que c’est la nature qui décide et que ni eux ni personne ne peut aller contre ça. Oui… m’enfin… quand même ;-)

De retour à terre à 14h, on nous donne un bon d’achat pour une autre sortie identique que nous pouvons utiliser, à vie, à Gansbaii, sur la compagnie Supreme Shark. Ok… parfait… super… mais moi je viens de France et je ne vais probablement jamais revenir de ma vie à Gansbaii. Comme je n’ai rien réservé pour mon dernier jour sur place, je tente la négo directement avec ♥Chanya♥, le capitaine de Supreme Shark me disant que ce que je veux doit être possible. Et ce que je veux c’est transformer mon bon d’achat de Gansbaii en un bon d’achat sur une compagnie de Simon’s Town. Chanya me dit qu’elle va voir ça et qu’elle me recontacte dans la journée. C’est quand même elle la boss! Me considérant comme un « bon » client, je me suis dit qu’elle pouvait quand même me faire ça. Pour finir elle ne me recontactera jamais, j’ai été obligé de l’appeler toute la semaine pour enfin réussir à lui parler et pour m’entendre dire que ce n’est pas possible. Je l’adore cette femme…

On dirait pas mais il y avait une grosse houle
On dirait pas mais il y avait une grosse houle

Bref, après la matinée infructueuse je reprends la route vers Simon’s Town. J’en profite pour longer la côte et donc prendre la Whales Road (je ne verrai aucune baleine mais en même temps c’est normal, c’est un peu tôt dans la saison). Je dormirai 4 nuits à Mariner GuestHouse que je recommande chaudement : super serviables, gentils, petits déjeuners vraiment au top, chambres parfaites.  Vous pouvez y aller les yeux fermés. Donc, le lendemain mardi, doit commencé mon premier breaching shark trip !

Bulletin météo : avis de tempête annoncé jusqu’à jeudi !

La nouvelle arrive via la propriétaire de la GuestHouse et me tombe dessus comme une masse! Un avis de tempête signifie que les sorties sont potentiellement annulées ! Arghhhhhhhh….Ma compagnie, Shark Explorer, contre toute attente, maintiendra heureusement la sortie du mardi. Elle sera la seule. Nous ne serons donc qu’un seul bateau sur place. Un couple d’américains logeant dans la même guestHouse que moi ont vu leur unique sortie annulée et sont repartis très très déçus.

Départ à 07h00 avec la compagnie Shark Explorer direction Seal Island au milieu de False Bay. Cette ile, je l’ai regardée des 10aine de fois sur Google Map et là je la vois pour de vrai, j’étais aux anges :-) Au départ je souhaitais partir avec African Shark Eco Sharter car cette compagnie est dirigée par Rob Lawrence qui est considéré comme le gourou en matière de grand requin blanc. Lorsqu’un reportage doit être fait sur le sujet, on s’adresse à lui les 3/4 du temps. Un tournage était d’ailleurs en cours sur son bateau. Mais comme tout était booké depuis longtemps (j’avais quand même essayé de réserver 5 mois en avance) j’ai pris une autre compagnie. Je ne connais pas les autres mais l’équipage de Shark Explorer est vraiment très sympa.

Un aileron à Seal Island
Un aileron à Seal Island

Donc arrivé à quelques mètres de Seal Island, le bateau s’arrête et à partir de ce moment là, on attend…. On attend quoi? => On attend une otarie tiens! On attend qu’une otarie, après avoir été en mer toute la nuit pour se nourrir, revienne du large pour se reposer sur Seal Island. Le principe : dès que quelqu’un en voit une, il doit crier la direction à prendre : genre à 3h si elle est à tribord ou à 6h si elle est derrière le bateau. Bon dans les faits, c’est toujours un des membres de l’équipage qui les a repérées.

Petite parenthèse sur le pourquoi des airjaws. Pourquoi les requins bondissent hors de l’eau ici et seulement ici? Il parait que cela a été également observé un peu aux abords de Isla de Guadalupe au Mexique. Seal Island est entourée par un tombant  de 19m de profondeur. Les requins patrouillent au fond et lorsqu’ils repèrent une otarie à la surface, ils foncent vers elle afin de l’attraper. Leur vitesse les fait jaillir hors de l’eau. La configuration unique de l’île permet d’observer ce comportement spectaculaire.

SEAL AT FIVE !

Otarie à 5h ! Aussitôt, le bateau, très puissant, fait un demi-tour en trombe, tout le monde se retrouve littéralement par terre, accroché à tout ce qu’on pouvait trouver. Le bateau se rapproche à une petite dizaine de mètres de l’otarie et la suit doucement en attendant un éventuel requin. Tout à coup un grand blanc jaillit entièrement hors de l’eau, l’otarie dans la gueule, avant de retomber dans une gerbe d’eau énorme ! La mer se teinte de rouge immédiatement et redevient bleue la seconde suivante. Des 10aines de mouettes, volant au dessus de l’otarie, viennent aussitôt manger des petits bouts de chair. Tout le monde reste bouche bée puis crie d’émotion dans la seconde suivante :  TRÈS TRÈS IMPRESSIONNANT !

Nous verrons 17 attaques de ce genre en étant plus ou moins loin de l’action. 2 otaries ont été tuées sur les 17 attaques que nous avons observées, ce qui confirment les statistiques que le capitaine nous avait données : 9 attaques sur 10 sont des échecs. Lorsque le requin n’arrive pas à attraper l’otarie, il retente sa chance mais en restant en surface. Cela provoque des remous énormes et on sent la puissance énorme des ces bêtes de plus d’une tonne. Les otaries, elles, ont un atout de taille : elles sont petites et agiles comparées aux mastodontes. Nous voyons donc plusieurs fois les otaries tenter d’échapper au requin en bondissant hors de l’eau et en faisant des virages serrés. Les mouettes se regroupant au dessus de l’action et attendant que le requin l’attrape afin de pouvoir récupérer quelques morceaux. Cette partie de la sortie, appelée « Prédation naturelle » dure environ 1h et se déroule essentiellement au petit jour. Pas simple pour les photos : peu de lumière, le bateau qui bouge énormément, les otaries qui se déplacent de façon aléatoire.  On a vu mieux comme conditions.

Requin contre otarie
Notez les mouettes au dessus qui attendent pour récupérer les morceaux…

Ensuite commence une autre partie de la sortie. L’équipage met une fausse otarie (decoy) à l’eau et la traine derrière le bateau à quelques mètres de nous. Et là aussi on attend. Sauf que là, on sait où regarder. Cela faisait une heure que tout le monde était tendu à regarder les otaries essayer d’échapper aux requins. Cette tension ne disparait pas avec la mise à l’eau de l’appât : personne ne parle, personne ne cligne des yeux, tout le monde est concentré sur ce point noir qui suit le bateau, tout le monde espère voir jaillir un requin, comme tout le monde espérait que l’otarie allait se faire croquer. Et oui c’est étrange vue de la France mais lorsqu’on est sur le bateau, c’est ce qu’on veut, on veut que l’otarie se fasse attraper, c’est bizarre mais c’est comme ça, il y a une émulation incroyable. Par 3 fois, un requin jaillira des vagues. Vraiment très impressionnant. J’appuie sur le déclencheur, en rafale évidemment. Pas facile le cadrage, de toutes façons on n’a pas le temps, l’action ne dure qu’une seconde ! En attendant, j’en prends plein les yeux : 4m50 et 1000kg qui sortent de l’eau et qui y retombent, je vous promets que ça dépote!

Flying Great White Shark !
Flying Great White Shark !
Requin à l'horizontal
Requin à l’horizontal
Breaching Shark
Breaching Shark !

Cette partie de la sortie dure elle aussi environ une heure. La suite de la matinée est consacrée à la plongée, ici, autour de Seal Island, au milieu de ce terrain de chasse.

La plongée en cage

Après toutes ces émotions vient l’heure de se mettre à l’eau. En fait la majorité des personnes sont venues pour ça, contrairement à moi qui venait pour les airjaws.  Un peu de préparation : il faut descendre la cage du bateau et l’arrimer solidement, il ne s’agirait pas qu’elle coule au fond avec tout le monde dedans… Cette cage doit faire 3 ou 4m de long, 3 m de haut et 1m de profondeur. On peut y être à 5, debout,  alignés au coude à coude, les pieds ne touchent pas le fond de la cage.  Les volontaires se préparent, ils enfilent une combinaison de plongée (humide évidemment) ainsi que des chaussons et des masques.  Pour le taquiner je dis au capitaine que sa combinaison de plongée est humide. Il me répond que c’est normal, cela s’appelle une wetsuit, pas une drysuit ! :-) Certains ont apporté leur matériel, notamment un tuba. C’est ce que j’avais fait mais on en a finalement pas vraiment besoin, les actions sont très rapides, on ne reste pas longtemps la tête sous l’eau. Une fois la cage à l’eau, les premiers volontaires descendent. Je passerai au second tour, histoire de voir où est le meilleur emplacement pour prendre des vidéos. Pour ce premier tour, 2 personnes descendent, une 3ième veut y aller, s’arrête au bord de la cage et renonce avant de descendre dans l’eau. 3 autres personnes descendent dans l’eau. Une fois tout le monde dans la cage, une grille se rabat par dessus, sur leurs têtes. Une des 5 personnes qui était dedans panique et veut ressortir aussitôt ! Elle ressort.  Elles resteront une 20 aine de minutes dans l’eau à 13°C.

C’est à moi ! Je descends le dernier parmi les 5 pour être dans un bout de la cage et avoir ainsi un  angle de vision quasiment à 360°. Au moment de descendre dedans, on s’aperçoit que la cage est très étroite. Avec la houle et la faible largeur de la cage, je me dis que c’est très vite fait de tomber à côté … et de servir de repas au petit monde qui grouille sous la surface… La grille se referme sur nos têtes. Le bateau bouge énormément, la cage se retrouve régulièrement entièrement sous l’eau et donc nous avec (une grille la ferme sur le dessus). Il ne faut donc pas paniquer et anticiper certains mouvements du bateau pour prendre sa respiration au bon moment. On s’aperçoit rapidement qu’en cas de problème, on peut remonter et passer sa tête entre les barres métalliques pour respirer.

Dans la cage
Elle me met bien en valeur cette photo ;-)

Une fois dans la cage commence un petit manège dans lequel 2 personnes de l’équipage lancent de grosses têtes de thon (attachées à un bout) loin du bateau, au dessus de nous, et les ramènent lentement. La manœuvre a pour but d’attirer les requins prêt de la cage. Le bruit des impacts des têtes de thons sur l’eau, leur odeur et leur vision sont destinées à déclencher une attaque de la part des squales. L’eau est trouble à cette époque de l’année, nous ne voyons les requins que lorsqu’ils sont proches. Au signal donné par le capitaine, on plonge tous sous l’eau pour voir la bête arriver. C’est gros, c’est très très gros. On voit rapidement qu’ils ne peuvent faire de nous qu’une bouchée.

La suite avec des photos dès que j’ai 5min ;-)

2 réflexions au sujet de « Afrique Du Sud : Breaching Shark »

  1. Super voyage! Personellement je ne voyage qu’en Europe et aux U.S.A (même si ayant éffectué un petit trip à Johannesburg), j’avoue être franchement bluffé par votre « petit recit de voyage ».

    Bravo, surtout pour la plongée en cage.

  2. Je tombe sur votre site par hasard, de magnifiques photos que me rappellent mes vacances en Guadeloupe ou sur la caraïbes nous trouvons ce type de spécimen
    La prise dans le mouvement, chapo

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